Jour 4 : À la rencontre de mon enfant intérieur

Ce matin, je me réveille le cœur encore rempli de gratitude pour le feu sacré d’hier soir. Le soleil, lui aussi, est au rendez-vous. Il réchauffe mon cœur d’enfant et réveille ma petite Gitane intérieure, impatiente de s’amuser. Quelle synchronicité, puisque le thème du jour, c’est la rencontre avec notre enfant intérieur.

La maison dort encore. Je me prépare un café que je savoure sur la terrasse, face à la mer. L’air salin me ramène doucement dans le moment présent. Je suis ici, entourée de mes complices devenues famille de cœur, et je ressens une paix profonde.

Je chantonne en entrant dans la cuisine. Cette journée, je la sens magique. Mes cartes du jour sont puissantes : « monde biblique » et « chamane ». Je comprends que je suis guidée à renouer avec les sagesses de mes racines profondes, celles de mon arrière-grand-mère autochtone.
Crayon en main et carnet ouvert, je dépose mes intentions : aujourd’hui, je deviens le parent aimant dont mon enfant intérieur a besoin. Je l’écoute. Je l’accueille. Je lui donne toute la place.

L’atelier du jour commence, animé par une enseignante à la retraite. Elle nous invite à choisir une photo de nous enfant, puis à dessiner avec notre main non dominante ce qui émerge naturellement.
Je me revois à 5 ans, rayonnante sur scène lors d’un spectacle de ballet jazz. Puis dans mon salon, animant un show complet pour mes toutous et mes poupées. Je suis dans ma lumière. Je m’amuse. Je suis vivante.

Mais un nuage vient couvrir cet éclat. J’ai 12 ans. C’est le jour de ma confirmation. À genoux, sérieuse, je prends une photo solennelle. Ce jour-là, j’annonce à un membre de ma famille que je veux m’inscrire au secondaire dans l’option art dramatique intensif. Il me regarde droit dans les yeux et me lance :
« Suzie, il est temps que tu choisisses un vrai métier et que t’arrêtes de faire tes petits spectacles. »
Ouf. Une vague d’émotions me submerge. Je retiens les larmes, mais à l’intérieur, tout s’agite.

Je prends ma photo et je pars vers la plage du camping. Assise sur un tronc de bois flotté, carnet sur les genoux, je laisse couler les mots qui montent. Face à moi, la mer. À gauche, les éoliennes. À droite, le phare. L’image est identique à celle de ma méditation, celle où j’ai découvert mon WHY.

Une énergie mystérieuse me traverse. Je me lève. J’inspire profondément. Bras ouverts vers le ciel, je sens la présence bienveillante de mon arrière-grand-mère autochtone. Sa photo m’apparaît. Je chante, pieds nus dans le sable. Ma Suzie intérieure jubile.

Je sors la photo de ma confirmation. En conscience, je la déchire. Je libère cette croyance limitante, celle qui m’a fait croire que je devais suivre un chemin qu’on avait choisi pour moi.
Je ferme les yeux et j’imagine mon enfant intérieur devant moi. Je la prends dans mes bras. Je lui murmure :
« Je suis là. Je te vois. Je t’aime. »

De retour à la maison du gardien du phare, je m’installe dans le salon. Je lève les yeux vers la mapmonde peinte au plafond. Une évidence m’envahit : je suis ici pour voyager. En moi. Par les mots. Par le monde.

Je m’installe à mon ordinateur. Je retrouve Hélène, mon personnage, prête à quitter sa famille pour faire le tour de la Gaspésie. Elle veut se retrouver, se réaligner. Comme moi. Les mots s’enchaînent. Les pages naissent.

L’heure du dîner arrive. Nous partons chez Valmont, un restaurant local chaleureux. On est toutes assises à la table du fond. Je les observe, mes complices, complices d’écriture et de vie. Leurs yeux pétillent. Elles savourent l’instant.
Et moi, silencieuse, je comprends que ma voix, elle, est faite pour raconter ces lieux, pour les faire vibrer dans le cœur des auteurs.

Ce lieu – la Gaspésie, entre mer et montagne – est un terrain fertile pour la transformation. Et cette vision, c’est celle que je veux transmettre. Cette Cabine Littéraire, que j’ouvre demain. Ce roman en gestation. Ce territoire de mots.
Je sais que je suis sur la bonne voie.

Main dans la main avec ma petite Gitane, je continue d’avancer. Rien ni personne ne me fera dévier de ma mission.
De retour au chalet, j’écris encore, tard dans la soirée.
Demain, c’est l’inauguration officielle.
Et ce rêve que je porte depuis si longtemps… devient réalité.