Jour 2 – À la rencontre de ma vision

Ce matin, je me réveille avec le sourire.
C’est le jour que j’attendais depuis des semaines : celui où je deviens guide, complice, passeuse d’expérience. Nous partons à l’ascension du Mont Ernest Laforce, en plein cœur du parc de la Gaspésie, pour vivre une expérience immersive entre nature et écriture, jusqu’au sommet.

Sac à dos, boîte à lunch, carnet en main, nous sommes six pèlerines en quête de notre voix d’auteure, prêtes à gravir notre propre montagne intérieure.

Le sentier débute dans la forêt. La mousse craque doucement sous nos pas. Mon enfant intérieur, ma petite Gitane, jubile de joie. Je ressens un bonheur profond à faire voyager ces femmes que j’admire, à leur offrir un espace de liberté.

On rigole, on chante comme dans une colonie de vacances. On avance un pas à la fois, mais un mot à la fois aussi, comme dans l’écriture. Et c’est dans cette légèreté que notre imaginaire s’ouvre.

Tout à coup, un aigle survole notre groupe. Un frisson me traverse. Je le prends comme un signe : nous sommes exactement là où nous devons être.

Une pause s’impose pour contempler le Mont Albert, majestueux, juste en face. Ce lieu, vibrant et sacré, m’a été présenté comme un haut lieu d’énergie féminine lors de ma formation avec Cat Italiana, il y a quelques années. On dit même qu’il est aussi puissant que le Mont Shasta… mais c’est un secret bien gardé de la Gaspésie.

Arrivées au sommet, le silence s’installe naturellement. La vue est spectaculaire. Le vent caresse nos visages. En face, la montagne Blanche Lamontagne, nommée en l’honneur de notre grande poétesse gaspésienne, semble nous saluer.

Les larmes me montent aux yeux.
Je me sens vivante. Ancrée. Grande.

C’est le moment du rituel sacré.
Nous fermons les yeux. Nous imaginons des racines sous nos pieds, nous enracinant solidement à la terre. Je sens l’énergie circuler. Je suis connectée aux quatre éléments, à plus grand que moi, à moi.

En cercle, nous nous donnons les mains. Pas besoin de mots. Juste une intention commune : avancer chacune dans notre projet d’écriture. Et doucement, nous redescendons la montagne, conscientes que, même si un livre peut parfois sembler être un sommet inaccessible, un mot à la fois, on y arrive.

Avant de quitter, je dépose cette question dans le cœur de chacune :
Quand des roches croisent ton chemin… choisis-tu d’en faire un mur, ou un sentier ?

De retour à la maison du gardien du phare, mon corps est épuisé, mais mon cœur est comblé.
Nous cuisinons ensemble, dans une ambiance simple et chaleureuse. Ce soir, ce sera pâté chinois et rires partagés.

Puis, l’une des participantes anime un atelier sensoriel : un bandeau sur les yeux, guidée par une complice dans la pièce. Une invitation à se laisser guider, à lâcher prise, à voir avec les yeux du cœur.

Et là, magie.

Amélie, notre participante en virtuel, est mise à l’honneur. Malgré ses défis visuels et son rétablissement en cours, elle est là, présente, inspirante.
Et elle nous confie que pendant notre ascension du Mont Ernest Laforce, elle a réussi à marcher dehors pour la première fois depuis sa mésaventure.

Une synchronicité bouleversante.
Comme si, malgré la distance, nos pas étaient liés.

Ce soir, je m’endors le cœur léger.
Demain, ce sera la journée consacrée au féminin sacré. Et déjà, je sais qu’un autre pas vers moi-même m’attend.