Jour 0- Retraite d’écriture en Gaspésie

Aujourd’hui, c’est le grand départ. Louise, ma complice d’écriture, est venue dormir chez moi, dans la maison que je rêve un jour de transformer en Cabine Littéraire — un lieu de création, de répit et d’ancrage pour les autrices. Déjà, l’esprit de la retraite flotte dans l’air.

Le matin, on part marcher cinq kilomètres au bord de la mer. On rit comme deux gamines. On rêve tout haut : se bercer ensemble sur une balançoire jusqu’à 100 ans. On s’offre une poutine aux crevettes à la Cantine Cartier — un petit goût salé, joyeux, gaspésien.

Les sacs d’épicerie chargés dans la voiture, on prend la route 132, direction Cap-Chat, vers la maison du gardien du phare, notre point d’ancrage pour une retraite d’écriture d’une semaine, en compagnie de cinq autres femmes de cœur.

Mais cette retraite, ce n’est pas une retraite ordinaire. Je l’ai ressentie, visualisée, rêvée il y a quatre ans, lors d’une méditation guidée par ma coach Stéphanie Méthé. J’y avais perçu un lieu lumineux, fort, sacré. À l’époque, je ne savais pas qu’il existait réellement. Ce jour-là, j’ai reconnecté à mon « pourquoi » : offrir un espace sécurisant pour que les femmes puissent écrire leur histoire, en toute liberté.

Peu après cette expérience, j’ai recroisé Louise dans une salle virtuelle. Une rencontre marquante. Depuis, nous sommes devenues inséparables : les Cowgirls flyées, en clin d'œil à nos chemins professionnels entrelacés.

Nous arrivons à Cap-Chat un peu avant les autres. Dès que je pousse la porte de la maison, je ressens quelque chose de fort. Mon cœur s’emballe, mes yeux brillent. Je range les provisions avec soin dans le frigo, et, en levant les yeux, je le vois : le phare. Le même que dans ma méditation. Le même que dans mon rêve.

Je monte à l’étage, je saute dans le lit de ma chambre — celle qui sera mon cocon pour la semaine. Mais c’est en redescendant que tout devient clair. Je m’installe dans un vieux divan bourgogne fleuri, dans la salle principale. La mer s’étire à perte de vue. Les murs sont décorés d’images amérindiennes, d’une roue de capitaine, et le plafond peint d’une mappemonde et d’une rose des vents.

Je fonds en larmes. Une vague de paix m’envahit. Louise me rejoint. On se prend dans les bras, sans un mot.
Je suis chez moi. À l’intérieur. Dans le cœur. Je suis prête à vivre cette retraite d’écriture, une présence à la fois.

Les participantes arrivent peu à peu. L’ambiance est douce, joyeuse, presque comme une colonie de vacances pour autrices. On ouvre une bouteille de vin. Je ressens déjà la beauté de ce que nous allons vivre.

Je lance notre tout premier atelier : « Mon mot phare ». Le ton est donné. Cette semaine, je suis une femme phare, et je suis entourée de femmes phare. Ensemble, entre mer et montagne, nous allons écrire, créer, guérir.